La tempête.

[Mimilou]

La flamme est éteinte. C’est lui qui l’allumait, chaque jour, par ses sourires. La vie m’a quitté. Du moins, pas physiquement, mais j’aimerais bien. Aucune force pour bouger, manger ou avoir une quelconque volonté pour quoi que ce soit. Allongée sur le lit, les cheveux en broussaille, les yeux bouffis. Les rideaux fermés depuis plusieurs jours. La porte de ma chambre barrée à clé.

Une douleur lancinante. En plein cœur. Le souffle coupé. L’air qui cherche son chemin. Le regard dans le vide, la vue brouillée par les larmes. La crise. Une lame qui transperce mon cœur, qui achève ce qui l’en reste. Pourtant, la mort ne vient pas. Seulement l’atrocité de la douleur, de la dépression, de l’agonie.

Parfois, la tempête se calme, et je respire mieux. Mais les pensées se bousculent alors. Mon esprit sort de sa torpeur…
Il était mon bonheur. Sa voix, ses baisers, sa présence étaient mon carburateur. Sans lui, je n’ai plus de force. Il me soutenait, m’accompagnait. Mon caractère, c’est lui qui le forgeait, à tous les jours.

Puis, une nouvelle douleur. Et la crise repart de plus belle. Une véritable torture du cœur. Je ne savais même pas une telle émotion possible. La compression du thorax, jusqu’à ne même plus pouvoir respirer, bouger, parler, ou même gémir. Seulement des soubresauts, pendant plusieurs minutes. Et le torrent se déverse, incontrôlable. Des chutes, des vagues.

Une autre accalmie.
Mais comment vais-je faire? Comment réussir à vivre sans l’être qui peuple mon esprit, qui guide mes actions? Il était ma boussole, celui qui a toujours su, alors que je n’avais pas confiance. Il m’a sauvé, m’a recueillit, m’a chérit. Sa chaleur bienfaisante m’enivrait, me réconfortait. Mais il a disparu.
Le Phoenix ne renaitra pas de ses cendres cette fois-ci.
Et ça repart…

Tout ce que ma voix produit sont des sanglots, et de longues plaintes de souffrance. Pendant des heures, des jours et des nuits entières. Le noir m’accompagne, ainsi que quelques uns de ses vêtements. La solitude est notre pire ennemi en temps de crise. Pourtant, je ne veux voir personne. Ma seule envie est de disparaître, de m’effacer, d’oublier.

Des oisillons chantonnent. Une lumière perce les rideaux. Je sors de ma torpeur, je m’assoie. Premier signe de vie. Que se passera-t-il si je décide de me lever? Si je décide de faire un effort? Je devrais essayer, juste pour voir… Alors je m’approche de la fenêtre, mais le courage de l’ouvrir ne vient pas. Tant pis, qu’est-ce que j’avais espéré?

Je suis exténuée, je retourne me coucher. La fatigue. L’envie de dormir pour l’éternité. Mais un sommeil léger, rempli de cauchemars. La brume, le brouillard, impossible d’y voir. Je cherche, je cherche, mais il n’y a pas d’issu, pas de lumière. Je crie son nom, il ne m’entend pas, ne me voit pas.
Réveil en sursaut. J’ai peur, je tremble. Il n’est pas là pour me réconforter. Ma respiration s’accélère, mon cœur se compresse, et je cris de douleur. Je m’effondre, impossible de lutter. À bout de forces…
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Laisse ton épée guider tes coups et ton coeur guider tes pas .
Veuve.

[Goku]

En plein milieu de mon repas, voilà que je m'inquiète. Anxieux des absences répétées de Dame Mimilou, jeune membre de la Dark Alliance. La raison ne se pose nullement, j'avais eu vent de la mauvaise nouvelle concernant son mari. Un drame commun mais tellement douloureux et je suis bien placé pour le savoir. Un mariage tué dans l'œuf.

La solitude est de mise, mais elle n'est sans doute pas la solution a sa peine que je peux ressentir d'ici. Je doute qu'elle fasse le premier pas et vu que cela me préoccupe, autant aller la voir même si elle désire surement voir personne en ce moment.

Après un repas rapide et léger, je monte jusqu'à sa chambrée. Je pouvais entendre son chagrin sur la pas de la porte. Puis, avant de frapper pour m'annoncer, j'entends un bruit sourd, quelque chose qui tombe puis un hurlement. Je fuse dans la chambre envahit par l'obscurité sans demander une quelconque permission.

Je retrouve la jeune femme, au sol et en pleure. A vrai dire, je ne m'attendais pas à mieux. Je remarque sa faiblesse. Je m'approche et m'agenouille devant elle.

Les mots ne me viennent pas à l'esprit, et je pense qu'aucun discours puisse réellement la réconforter. Je tends légèrement la main vers elle, l'invitant à la prendre.

-Je suis là, Mimilou ...
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[Mimilou]

Le cauchemar avait encore fait ses ravages. Toujours le même, toujours ce brouillard, et la silhouette de l’amour de ma vie, si difficile à distinguer. Alka..? ALKAAAAAA. Le réveil en sursaut, ainsi que l’intense douleur dans ma poitrine me firent tomber du lit. Je me débattis avec les restes du brouillard encore présents dans mon esprit. Je me recroqueville sur le sol, tente de calmer la douleur et le torrent, mais rien n’y fait. La vague m’emporte à nouveau, je ne peux la contrôler. Halètement, larmes, gémissements.

Puis, je sens une présence près de moi. Je me concentre afin de calmer la crise et reconnais facilement l’aura emplie de sagesse de mon parrain. Mais je n’ai ni la force, ni l’envie de le regarder. À vrai dire, j’ai honte. Honte de mon incapacité à me relever, à affronter la vie. Honte de ma douleur, si incompréhensible pour qui ne l’a jamais vécue. Honte de ma vulnérabilité et de son regard plein de compassion…

-Je suis là, Mimilou…

Il me tend la main, en signe d’appui. Que pourrait-il dire ou faire de plus? Mais rien n’y fera… Rien ne pourra faire disparaitre la douleur. La flamme est morte. Mon Phoenix aussi. Qu’allais-je faire? Et comment allais-je le faire? Sans lui, tout me semble si fade, si terne…

Je tente de me relever, ou du moins, de m’assoir. Je suis faible, sans forces. Je me rends soudainement compte, dans un éclair de lucidité, que je n’ai rien mangé ni bu depuis une semaine. Mon état est lamentable. Je dois tellement faire pitié, quelle honte… Il doit partir, je ne veux pas qu’il me voit comme ça… Je n’ai pas la force de caractère d’un véritable membre de la Dark-Alliance, je ne mérite pas leur générosité. Je rassemble un peu de force, tente de dire quelques mots.

- Ne me regarde pas… Laisse-moi! Je vais bien… Je partirai…, dis-je en me recroquevillant sur le sol, dos à lui pour lui cacher ma détresse.
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Laisse ton épée guider tes coups et ton coeur guider tes pas .
Veuve.

[Goku]

Comme je le pensais, elle ne voulait voir personne. Qui d'autre, à sa place, voudrait voir du monde. Je comprends aisément sa réaction pour l'avoir vécu pendant des années, et la mort avait presque pu me trouver si une certaine elfe ne m'avait pas redonner la lumière … A moi de la lui transmettre à présent.

Je me relève doucement, puis, en contournant le lit, je m'approche de la fenêtre verrouillée, je l'ouvre, ainsi que les volets pour laisser par les rais réchauffant, la saison chaude fait son retour, cela serait dommage de ne pas en profiter. Je m'accoude sur le rebord en pierre en observant à contre bas les serviteurs qui s'affairaient à le travail habituel. Quelques oiseaux fanfaronnaient dans un sapin en plein milieu des jardins de la Citadelle, leur chant harmonieux résonne dans la chambre.

-Mimilou … Nous avons tous nos instants de faiblesse, toi comme moi et tous les autres membres de notre famille. Nous sommes tous née avec des sentiments qu'on ne peut contrôler … L'amour, la haine, le chagrin … Je suis passé par toutes ces étapes pour te tenir ce discours … Je peux comprendre à quel point c'est douloureux de perdre un être cher … Un être comme nul autre. Unique.

Je respire un bon coup, réfléchissant à mes prochaines paroles. J'espère ne pas fourcher.

-La Dark alliance n'est pas composé de Golem, des êtres fades, vides et pantomimes … Nous avons tous un cœur, c'est ce que fait ta personne … Si j'ai accepté d'être ton parrain, c'est en connaissance de cause … Faire parti de notre noble famille ne signifie pas de devenir ce que tu n'es pas.

Observant toujours les alentours, je prononce doucement.

-Mimilou, j'aimerai que tu viennes à mes cotés si tu as assez de force ...Il y a quelque chose que je veux te montrer.
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[Mimilou]

Les paroles de mon parrain résonnent à mes oreilles comme un faible écho dans la brume. Je suis incapable de focusser sur ce qu’il dit, bien que je me concentre de toutes mes forces. Je veux qu’il parte, mais j’ai aussi envie de l’entendre me raconter ces expériences. Je sais qu’il a passé par là lui aussi et qu’il a été capable de faire disparaitre cette douleur insupportable.

Douleur qui me tord le cœur encore une fois, en y repensant. Recroquevillée, je me remets à trembler. J’essaie de me contrôler, de paraitre forte devant lui. Les larmes coulent quand même, silencieuses cette fois. Je respire bruyamment, tente de surmonter la vague. Je ne veux pas qu’elle m’emporte encore, pas devant lui. J’essaie donc de me concentrer sur ce qu’il dit, plutôt que sur ce qui se passe en-dedans. J’entends aussi le chant des oiseaux, dehors. Autrefois, cela m’aurait rendu gai, joyeuse, mais je n’ai plus le cœur à m’émerveiller maintenant.

Goku m’invite à le rejoindre. J’analyse la situation, mon état. Je me dis que je n’ai plus rien à perdre, et que ce serait un signe de force si je réussie à le rejoindre. Je respire profondément, et rassemble mon énergie. Je me redresse, m’assoie et observe la pièce. Elle est terne, sale et tout traine un peu partout : tout pour me décourager. Je pense à aller me recoucher et fermer les yeux sur ce morne spectacle, sur cette triste vie. Puis je vois mon parrain, celui qui a cru en moi et qui m’a permi d’avoir une famille, comme ma mère auparavant. Celui qui a su déceler le bon, et qui m’a donné une chance de prouver ma valeur. De tout le spectacle qui s’offre à moi, il est le seul élément rayonnant. Pourquoi ne pas aller le rejoindre?

Je me lève doucement, en tentant de contrôler mes tremblements. Les larmes continuent de couler toutefois, tandis que je m’approche de la fenêtre. Hésitante, je le regarde, tandis que mes jambes ont peine à supporter mon poids. Je ne sais quoi dire, alors j’attents…
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Veuve.

[Goku]

Ses forces se décroissent à vue d'œil, elle peine à tenir debout. Je ne peux lui en vouloir, j'ai connu cet état pendant plusieurs années à la disparition de Katsue. Avec l'énergie restante, elle parvient à se rapprocher là où je voulais. Je me retourne pour regarder à l'extérieur. Les jardins, la cité et plus loin, la prairie verte et sauvage.

-Mimilou, toi qui voulais quitter la Dark Alliance parce que tu penses être faible. Sache le, tu ne l'es pas et j'ai besoin de ta force pour préserver tout ce qui passe derrière ta fenêtre.

Je doute qu'un discours sur la propagation des valeurs chaotiques sur les terres d'argent soit approprié.

-Je sais ce que tu ressens, et qu'importe les mots, qu'importe ma présence, rien ne pourra te consoler ...

Je me tourne vers elle et l'étreins amicalement. Les mots n'étant pas efficace, les gestes eux, le seront peut-être.

-Je ne t'interdis pas de pleurer, fais le … Cela te soulagera.
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